L’éducation financière, les grandes lignes

Afin de prendre des décisions éclairées, il est nécessaire d’avoir un certain nombre de connaissances, de conscience et de compétences. L’éducation financière est devenue un enjeu majeur depuis de nombreuses années déjà surtout depuis la crise des subprimes de 2007. Il est important d’inculquer la culture financière aux enfants afin qu’ils puissent appréhender les concepts et les risques financiers pour vivre plus sereinement après leur indépendance.

L'éducation financière
Savoir les concepts et les risques financiers

Définition succincte de l’éducation financière

Pour l’OCDE, qui est l’Organisation de coopération et de développement économiques, l’éducation financière, c’est donner « des connaissances et la compréhension des concepts et des risques financiers ainsi que des compétences et la confiance en soi pour prendre des décisions financières éclairées. » C’est également améliorer le bien-être financier des individus et de la société en général, pour le présent comme pour le futur, et leur permettre ainsi de participer activement à la vie économique.

Les notions de valeur et de prix

La différence entre valeur et prix représente une notion à transmettre à nos enfants. La valeur peut ainsi être historique, affective ou encore commerciale tandis que le prix, c’est le prix. Pour illustrer cela, voici quelques exemples. Tout d’abord, rien n’est gratuit contrairement à ce que peuvent penser certains enfants, comme l’électricité ou l’eau chaude.

Chaque chose a un prix plus ou moins élevé, et il est ainsi nécessaire d’avoir plus ou moins d’argent pour l’acquérir. La valeur que l’on donne aux choses ne correspond pas toujours à leur prix. La voiture de famille est bien évidemment plus chère qu’un paquet de bonbons, mais a moins de valeur que le doudou – aux yeux d’un enfant. Et un concept important qu’il faut inculquer dès le plus jeune âge, c’est que tout ne peut pas s’acheter, comme la santé, et que tout n’a pas de prix.

L’utilisation de la monnaie

Les enfants peuvent se familiariser avec l’argent, les pièces et les billets, en participant aux courses, par exemple. Ils pourront découvrir les différentes faces ainsi que leurs valeurs. Par ailleurs, ce sera l’occasion de leur expliquer que l’argent n’a pas toujours existé et qu’auparavant, on faisait des « trocs » comme ils le font d’ailleurs dans les cours d’école avec les billes, les cartes à collectionner et d’autres objets.

À des enfants plus grands, on pourra expliquer que plusieurs pays ont décidé d’avoir une monnaie commune comme la zone euro et qu’en dehors de celle-ci, les autres pays ont une monnaie différente, et que les monnaies ne se valent pas toutes les unes des autres, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas toutes la même valeur. Pour les autres moyens de paiement, il est préférable d’attendre qu’ils soient en âge d’avoir un livret d’épargne, généralement vers 12 ans avec le livret jeune, ou une carte bancaire.

Les notions de dépenses et de revenus

Dans la société de consommation dans laquelle nous vivons, les dépenses sont quotidiennes, de l’alimentation au transport, en passant par les loisirs et bien d’autres encore. Afin d’y faire face, il est primordial d’avoir des revenus. Si le travail reste le plus souvent la première source de revenus, il en existe bien d’autres à l’image des loyers, des dividendes de placement, des rentes ou encore des héritages.

Du côté des dépenses, il y a ceux que l’on qualifie de prioritaires comme l’alimentation, les dépenses obligatoires comme les loyers et les dépenses accessoires ou de loisir. Certaines dépenses génèrent par exemple de nouvelles dépenses, comme une voiture qui nécessitera une assurance, du carburant pour pouvoir fonctionner, etc. Il est plus qu’important de planifier les dépenses auxquelles ont doit faire face et les prioriser.

Selon l’étude PISA (programme international pour le suivi des acquis des élèves), menée dans les pays de l’OCDE ayant participé à l’enquête, plus de 64 % des élèves gagnent de l’argent dans le cadre d’une activité formelle ou informelle, notamment en occupant un emploi informel occasionnel ou en travaillant en dehors du temps scolaire. De plus, même dans les pays qui ont obtenu de bons scores en matière d’éducation financière, un nombre important d’entre eux ne disposent pas de certaines compétences financières essentielles. L’enquête indique également que si la priorité est donnée à la compréhension conceptuelle des élèves dans des domaines clés, cela n’est pas sans risque dans la mesure où l’approche peut les déconnecter de la réalité.

Les notions de crédit et d’épargne

Lorsqu’il est question de faire des dépenses et que l’on ne dispose pas assez d’argent, il y a deux solutions possibles :

  • économiser puis différer l’acte d’achat ;
  • emprunter puis acheter tout de suite.

Les conséquences de ces actes sont bien différentes, notamment en termes de coûts. L’étude PISA a ainsi révélé que pour la majorité des jeunes de 15 ans, il est préférable de faire des économies au lieu de se tourner vers les prêts.

La sécurité relative à l’argent

Aujourd’hui, on vit dans un monde entièrement connecté, et que ce soit pour les applications mobiles, Internet en général ou les paiements que l’on fait, l’OCDE insiste sur le besoin d’éduquer les jeunes aux réflexes de sécurité : tentatives d’escroquerie, courriels frauduleux, SCAM, arnaques financières…

D’après de nombreuses études menées :

  • à 5 – 6 ans, la notion d’argent reste complexe et les enfants ne sont pas en mesure d’évaluer la valeur commerciale et pensent alors qu’il suffit de se servir au distributeur pour avoir de l’argent ;
  • à 7 – 8 ans, l’argent a une valeur symbolique et sentimentale, mais reste surtout une affaire de « grand » puisque les enfants pratiquent surtout le troc ;
  • à 9 – 10 ans, l’argent prend de plus en plus de valeur (valeur plus réelle) chez les enfants prenant conscience de leur valeur économique et cela peut davantage anticiper ou préméditer une action ;
  • à 11 – 12 ans, les enfants cherchent à réaliser des « tâches », ménagères par exemple, afin de se faire payer.

La culture financière en France

De nombreuses études menées par différents organismes en partenariat avec l’AMF (autorité des marchés financiers) ont démontré que les Français et la culture financière ne sont pas encore en très bons termes. Une enquête menée par le site gouvernemental La finance pour tous par l’intermédiaire du Credoc a révélé ainsi que :

  • 8 % des Français interrogés sont à l’aise en calcul ; c’est le sentiment qu’ils ont ; pourtant seulement 1 français sur 2 sait que 100 € placés à 2 % par ans génèrent un capital de 102 € au bout d’un an ;
  • 1 français sur 4 arrive à trouver la définition d’une obligation ;
  • 45 % connaissent ce qu’est un FCP (fonds commun de placement) ;
  • 52 % savent ce qu’est un dividende ;
  • 80 % des personnes interrogées reconnaissent avoir un peu perdu en matière de placements financiers ;
  • 49 % des personnes interrogées estiment que leurs connaissances sont suffisantes pour évaluer la rentabilité et le risque des produits financiers ;
  • 87 % des personnes interrogées classent les actions comme un produit financier plutôt risqué ;
  • 93 % classent les livrets d’épargne dans la catégorie des produits peu risqués ;
  • 70 % des Français savent que la diversification des placements boursiers permet de limiter les risques ;
  • 72 % des personnes interrogées savent qu’il n’est pas possible de trouver un placement financier très rentable et très peu risqué (cela signifie que 28 % des Français ignorent ce principe de base).

Résumé

L’éducation financière permet de prendre des décisions éclairées en matière d’argent, que ce soit sur son utilisation (dépenses), sa gestion (valeur et prix) ainsi que sa fructification (épargne et investissement). Pour l’OCDE, l’éducation financière est un enjeu majeur qu’il faut inculquer aux enfants dès le plus jeune âge pour qu’ils puissent appréhender les concepts et les risques financiers afin de vivre plus sereinement après leur indépendance. Si ce processus a déjà été intégré depuis une dizaine d’années dans l’éducation nationale, force est de constater que cela reste insuffisant et que les parents doivent également participer. Pourtant, certains parents se retrouvent également en manque de culture financière et il est ainsi nécessaire qu’ils apprennent également à utiliser et à mieux gérer leur argent. Ainsi, selon une définition du Conseil de l’OCDE en 2005, l’éducation financière représente le processus par lequel les consommateurs/les investisseurs améliorent leur connaissance des produits, concepts et risques financiers, acquièrent un moyen d’information, d’un enseignement ou d’un conseil objectif, les compétences et la confiance nécessaires pour devenir plus sensibles aux risques et aux opportunités en matière financière, entre autres.