Quelle stratégie de bourse utiliser ?

Le fonctionnement des marchés financiers n’est pas le même que celui des épargnes classiques comme les livrets bancaires. Il ne suffit pas d’acheter un produit financier et attendre que celui-ci génère des intérêts. Ce serait beaucoup trop simple et cela ne profiterait pas à l’économie. Afin de bien utiliser son argent en bourse, il faut choisir une stratégie boursière et mettre en place un plan d’investissement afin de mieux gérer son portefeuille, mais également le protéger. Voyons cela de plus près !

Stratégie bourse
La bonne stratégie boursière

L’importance des stratégies boursières

Le nombre d’entreprises cotées en bourse dans le monde entier ne cesse d’augmenter – une petite recrudescence tout de même entre 2014 et 2019 : 45 743 contre 43 248. Cela devient compliqué de savoir dans lesquelles investir. On peut essayer de faire le tri en classant les entreprises par zone géographique, par taille (capitalisation) ou encore par secteur, mais généralement, les investisseurs utilisent une stratégie de bourse ou stratégie d’investissement pour choisir les entreprises dans lesquelles ils souhaitent placer leur capital.

On parle également de « style de gestion » qui représente un pool d’actions ayant des caractéristiques communes et semblables : situation financière saine, croissance élevée… Les stratégies les plus utilisées, mais aussi les plus connues sont les styles « Value », « Growth », « GARP » et « Quality ». 

Pour ne pas livrer les investisseurs à eux-mêmes, surtout les débutants, certains fonds d’investissement ont choisi de se spécialiser dans un style de gestion et il est aussi bien possible d’investir via un PEA et un CTO qu’une assurance-vie via les unités de compte. Un investisseur pourra par ailleurs placer directement son capital sur les entreprises de son choix avec le stock picking, par exemple, suivant le style qu’il privilégie.

L’intérêt de s’intéresser aux styles de gestion

Certains investisseurs ne sont adeptes d’aucun des styles de gestion que nous avons précédemment mentionnés, pourtant, il est important de les comprendre et de les connaître dans la mesure où les titres financiers qui appartiennent à un même style ont généralement tendance à évoluer dans le même sens et en même temps – on parle d’actifs fortement corrélés. Les acteurs de la bourse vont ainsi préférer un style par rapport à un autre durant une période donnée puis vont faire des rotations suivant la tendance du moment. 

Lorsqu’on a une idée générale des stratégies boursières, cela permet de comprendre rapidement si une action correspond à notre objectif. Par ailleurs, cela offre aussi la possibilité d’avoir une diversification dans son portefeuille qui sera alors constitué d’actifs financiers décorrélés afin d’éviter les effets de mode.

L’adoption d’une stratégie boursière

Il est primordial d’adopter une stratégie de bourse pour éviter de dilapider rapidement son capital lorsqu’on investit sur les marchés financiers. Une stratégie est indispensable, que les marchés soient en hausse, stagnent ou en baisse afin de bien utiliser son investissement. 

Et le plus important, c’est que la stratégie adoptée doit obligatoirement concorder avec le profil d’investisseur. Voici notamment trois (3) méthodes aussi efficaces les unes comme les autres, et le choix d’en utiliser revient aux investisseurs :

Stratégie globale Stratégie semi-automatique Stratégie automatique
– Définition du montant du capital à placer ;
– Répartition dans plusieurs compartiments pour la diversification et une meilleure appréhension des risques ;
– Actions, obligations, OPCVM, options…
– Utilisation des outils d’aide à la prise de décision dans la gestion du portefeuille ;
– Logiciels permettant de s’informer sur les opportunités d’investissement.
– Utilisation des robots de trading ;
– Difficile à mettre en place pour les particuliers à cause des coûts élevés ;
– Signaux et indicateurs programmés pour le passage d’ordres sans l’intervention des investisseurs.

Connaître le PER (price-earnings ratio)

Dans l’adoption d’une stratégie de bourse, il est important de connaître différents paramètres, comme le PER ou price-earnings ratio traduit en français en ratio cours sur bénéfice. Ce ratio déterminer le prix d’une action par rapport à son bénéfice net. Il montre alors le nombre d’années de bénéfice que les investisseurs sont prêts à payer afin d’acquérir une action. Il s’agit d’un indicateur important à connaître lorsqu’on évalue des sociétés – analyse fondamentale. Généralement, le PER est comparé à celui des autres actions du même secteur ou encore au PER historique de la valeur afin de constater si l’entreprise est surestimée ou sous-valorisée sur les marchés financiers.

La stratégie « Value »

Cette stratégie a été propagée par l’investisseur américain Benjamin Graham qui a écrit de nombreux livres, dont « L’investisseur intelligent » et « Security Analysis », et se présente aussi comme le mentor du célèbre investisseur multimilliardaire américain Warren Buffett. Ce style de gestion part du principe que comme on ne peut pas prévoir le futur, pourquoi ne pas acheter des valeurs décotées par rapport à leur valeur actuelle. La stratégie « Value » (valeur en français) est à l’inverse de la tendance du marché puisqu’elle cherche des entreprises qui ont été délaissées par les investisseurs – investir à contre-courant.

Dans cette stratégie, il y a une distinction nette entre la valeur de l’entreprise et le cours de l’action. Il est possible de calculer cette valeur suivant différents critères : actif net de la société, bénéfices, cash-flow… Dans la mesure où le marché à tendance à réagir excessivement aux informations, que celles-ci soient bonnes ou mauvaises, le prix est rarement proche de la valeur réelle de la société et c’est ainsi que les actions s’en trouvent sur ou sous-valorisées.

Globalement, les sociétés cotées dont les PER sont les plus bas peuvent être considérées comme des valeurs décotées. Il faut dire que le ratio cours sur bénéfice est à utiliser avec parcimonie et ne tient pas compte d’autres critères, tels que l’endettement ou la croissance, pouvant expliquer la décote. Les investisseurs puristes chercheront à trouver la valeur intrinsèque de l’entreprise et ne se positionneront dessus que lorsque la valeur offrira une décote suffisante par rapport à cette valeur. Benjamin Graham définit cette décote comme une marge de sécurité.

La stratégie « Growth »

Se traduisant par croissance en français, la stratégie « Growth » est à l’opposé de la stratégie « Value ». Elle est devenue très en vogue depuis la crise financière de 2008, occasionnée par les subprimes américains. Ce style de gestion se tourne plutôt vers le futur et les investisseurs chercheront alors les sociétés les plus susceptibles d’avoir de fortes croissances au niveau de leur chiffre d’affaires et de leurs bénéfices. Et c’est tout naturellement que ces entreprises vont se trouver dans des secteurs « tendance », tels que la technologie, les énergies renouvelables ou encore le luxe. Les sociétés catégorisées en tant qu’entreprises de croissance versent rarement un dividende puisqu’elles préfèrent réinvestir leurs bénéfices dans leur développement.

Les titres financiers de croissance ont tendance à avoir un PER élevé qui s’explique du fait de la forte croissance attendue des bénéfices des entreprises. Certaines d’entre elles sont encore en perte s’il s’agit de startups. Mais la valorisation de ces sociétés n’est pas obligatoirement excessive si celles-ci réalisent une croissance importante. Prenons l’exemple d’Amazon, dont le PER était de plus de 100 pendant de nombreuses années alors que la moyenne historique du marché se situe autour de 15. L’entreprise n’était bon marché que beaucoup plus tard une fois que les promesses de croissance ont été tenues.

Par rapport à la stratégie « Value », la stratégie « Growth » est utilisée pour anticiper la croissance d’une entreprise et de ce fait, la méthode se basera sur des estimations futures et non le résultat net actuel de la société. Le prix ne représente plus un critère important dans la mesure où les investisseurs sont prêts à acheter cher afin de revendre encore plus cher.

Durant toute la période d’investissement, c’est la croissance qui est le critère principal à surveiller. Généralement, chaque publication de résultats de l’entreprise permettra ou non de confirmer cette croissance. Étant donné que les attentes des investisseurs sont élevées sur ces actions, des résultats décevants (même une hausse moins forte que prévu) pourraient impacter fortement le cours de bourse. Pour savoir si une société est en mesure de conserver une croissance importante, il est important de surveiller les marges et le rendement sur capitaux propres ou ROE (return on equity). Des marges à la fois élevées et en croissance indiquent ainsi un avantage compétitif appelé « Moat » par Warren Buffett, venant d’une marque forte (Disney, Apple, Louis Vuitton…), d’économies d’échelles comme Amazon, des données uniques comme Google ou encore d’un monopole d’État avec la FDJ, d’un réseau de distribution puissant (Nestlé, Coca-Cola, Danone, P&G…).

La stratégie « GARP »

Il s’agit d’une stratégie relative à la stratégie « Growth » qui prend également ses racines dans la stratégie « Value ». « GARP » est l’acronyme de Growth At Reasonable Price, c’est-à-dire une croissance à un prix raisonnable. Ce style de gestion a été inventé puis démocratisé par Peter Lynch alors gérant du fonds d’investissement Fidelity’s Magellan en 1977. À l’époque, son fonds avait 18 millions de dollars d’actifs et lorsqu’il a pris sa retraite en 1990, celui-ci faisait plus de 14 milliards de dollars avec une performance annualisée de 29,2 % de 1977 à 1990.

La stratégie « GARP » est moins connue que les précédentes, mais elle a l’avantage d’en tirer le meilleur des deux. Elle consiste en effet à éviter les actions décotées de mauvaise qualité et les entreprises de croissance survalorisées. Mais cette méthode est plus adaptée aux investisseurs de croissance qu’à ceux cherchant des valeurs décotées dans la mesure où on achète rarement en dessous de la valeur intrinsèque. Les investisseurs rechercheront des sociétés avec une croissance rapide en évitant celles ayant une valorisation trop élevée.

Et pour cette approche, on utilise plutôt le PEG (price-earning growth) que le PER. Il s’obtient en divisant le PER par la croissance future du BNPA (bénéfice net par action). De cette manière, le défaut du PER est éliminé, qui est la valorisation de la même manière n’importe quel capital, peu importe la croissance.

Illustration

Une entreprise X avec un PER de 15 et une croissance des bénéfices de 10 % aura ainsi un PEG de 1,5 tandis qu’une entreprise Z avec un PER de 20 et une croissance de 20 % aura un PEG de 1. En comparant les PEG et non les PER, l’entreprise Z apparaîtra alors comme moins chère que l’entreprise X bien que son PER soit plus élevé. 

Une action est alors considérée comme faiblement valorisée, donc plus intéressante, si son PEG est inférieur à 1, c’est-à-dire si son ratio cours sur bénéfice est inférieur au taux de croissance de ses bénéfices.

La stratégie « Quality »

Ce style de gestion est encore moins connu que la stratégie « GARP », mais pourtant, il s’adapte parfaitement aux investisseurs prudents. Le principal critère de cette stratégie est la « préservation du capital » grâce au ciblage d’entreprises en mesure de durer dans le temps, c’est-à-dire par vents et marais. On ne peut pas trouver parfaitement une entreprise de qualité, mais ce que l’on recherche, ce sera des sociétés stables, profitables et ayant un endettement raisonnable.

Contrairement aux précédentes stratégies principalement basées sur des critères quantitatifs, cette stratégie comme son nom le suggère s’appuie sur des critères qualitatifs. Et cela nécessite plus de temps puisque la qualité peut être considérée comme subjective. Mais en gros, il suffit juste de s’appuyer sur les critères suivants pour trouver son bonheur avec ce style de gestion :

Positionnement de marché Profitabilité Stabilité Bilan solide Management transparent
– Avantage compétitif ;
– Entreprises de qualité souvent leaders sur leur secteur ;
– Entreprise « Star » selon la matrice BCG (Boston Consulting Group) ;
– Bon portefeuille de services ou produits
– ROE (rentabilité des capitaux propres) élevé ;
– Marges importantes (Résultat Net/CA, EBIT (bénéfice avant intérêt et impôts)/CA)
– Bénéfice net croissant, même faible, pendant de nombreuses années ;
– Capacité à générer des cash-flows importants (supérieurs au résultat net)
– Dividendes en croissance régulière appréciés
– Endettement maîtrisé ;
– Surveillance de l’effet de levier (Dette/EBITDA (bénéfice avant intérêts, impôts et dotations aux amortissements) et couverture des intérêts (intérêts/EBITDA)
– Longévité à la tête de l’entreprise ;
– Faible nombre des top managers ;
– Faible rotation des top managers

Résumé

Pour bien utiliser son capital sur les marchés financiers et en tirer bénéfice, il ne suffit pas de le placer dans un produit quelconque puis attendre qu’il génère des intérêts. En effet, la bourse est bien différente des épargnes classiques bancaires. Adopter une stratégie boursière est la meilleure solution pour bien utiliser son argent sur les marchés. Il existe différentes stratégies de bourse que chacun peut appliquer pour mener à bien ses investissements sur les marchés financiers. Il y a par exemple la stratégie « Value » dont l’objectif est d’investir dans des actions décotées par rapport à leurs fondamentaux, la stratégie « Growth » dont l’objectif est d’investir dans des sociétés en forte croissance, la stratégie « GARP » dont l’objectif est d’investir dans des actions de croissance avec une valorisation raisonnable et la stratégie « Quality » consistant à investir dans des entreprises financièrement saines.