Une obligation représente une valeur mobilière attribuée à une part de dettes à long terme d’une entreprise, d’une collectivité locale ou d’un État. Les obligations sont au même titre que les actions des produits d’investissement sur lesquelles les personnes physiques comme morales peuvent placer leur capital pour le faire fructifier. Bien que celles-ci soient moins connues que les actions, elles représentent tout de même une part importante de l’économie mondiale : 115 000 milliards de dollars fin 2019 ; deux fois plus que le marché des actions cotées avec ses 50 000 milliards de dollars. Tour d’horizon sur tout ce qu’il y a à savoir sur les obligations : fonctionnement, l’intérêt d’y investir, les modalités d’investissement, les différents types d’obligations, etc.
Les grandes lignes de l’obligation
Sur les marchés financiers, les obligations font partie des produits qui permettent de faire fructifier de l’argent de manière plus ou moins sécurisée avec des paramètres connus à l’avance. Ce sont des parts de dettes pouvant être à court terme, à moyen terme ou à long terme de sociétés, de collectivités locales ou d’États. Généralement, la rémunération des obligations se fait via un versement de coupons aux investisseurs qui sont les créanciers. Et sauf défaillance de l’emprunteur, l’avantage majeur des obligations par rapport aux autres produits de bourse, c’est que celles-ci offrent un revenu fixe et garanti.
Mécanisme des obligations
On considère techniquement qu’une obligation représente une part d’emprunt qu’émettent une société ou un État et ses satellites (collectivités locales, par exemple). Tout comme les actions, les obligations fluctuent quotidiennement, et cela en fonction des échanges. Le cours d’une obligation à taux fixe par exemple évolue généralement en sens inverse des taux d’intérêt. Lorsque ceux-ci augmentent, la valeur de l’obligation diminue. Et à contrario, quand les taux d’intérêt baissent, la valeur de l’obligation augmente. Il existe ainsi un risque de perte dans le cas où une obligation est cédée avant sa date d’échéance dans un contexte de taux défavorable.
Contrairement aux actions, les obligations ne sont pas cotées en devises comme l’euro, mais en pourcentage de leur valeur nominale, hors coupon couru. Afin de déterminer la valeur d’une obligation, il sera nécessaire de multiplier le nominal par le cours exprimé en pourcentage. On obtient ainsi le prix final en ajoutant le coupon couru à la valeur de l’obligation. Il y a des fois où une obligation est vendue avant la date de détachement du coupon. Si ce cas se produit, l’acquéreur du titre dédommagera alors le vendeur qui ne détient plus le titre au moment du paiement du coupon. Le principe de cotation des obligations facilite la comparaison entre les obligations de caractéristiques différentes : identité de l’émetteur, maturité, etc.
Quels intérêts d’investir dans les obligations ?
Sur le marché obligataire, on définit l’investisseur comme créancier prêtant à un émetteur (entreprise, État…) contre des intérêts appelés coupons. Avec les obligations, les investisseurs peuvent alors diversifier leurs sources de revenus aux côtés des placements traditionnels en actions ou encore en immobilier. Par ailleurs, cela leur permet également de diversifier leur patrimoine sur un marché n’ayant pas le même comportement que les autres marchés financiers en cas de crise.
Sur le marché obligataire, les investisseurs s’exposent à un certain risque de crédit – risque de non-remboursement du capital emprunté (argent investi) par l’émetteur en cas de défaillance (défaut de paiement si faillite). La solvabilité, qui est la capacité de remboursement de dettes, des émetteurs est essentielle.
NB : Il faut faire une certaine distinction entre obligations et actions – créancier et actionnaire. Si l’actionnaire investit dans le capital d’une société pour en devenir co-propriétaire en percevant une partie des profits sous forme de dividendes ou en faisant des plus-values, le créancier quant à lui prête de l’argent contre des intérêts (coupons) en comptant sur la bonne solvabilité de l’emprunteur obligé d’honorer ses dettes. Il est possible pour un investisseur d’être à la fois actionnaire et créancier d’une même société.
Un intérêt patrimonial
Généralement, ce sont les investisseurs en quête de sécurité – profil d’investisseur prudent (gestion de portefeuille en bon père de famille) – qui ont recours aux obligations. En effet, la majorité des obligations garantissent aux investisseurs un complément de revenu fixe (des coupons) qui est versé sur la base d’une échéance fixe connue dès le départ. Ainsi, tout au long de la vie des obligations, le prix de remboursement avec les intérêts est connu à l’émission et cela ne change pas. Historiquement, les obligations ont été mises en place dans l’objectif de protéger le pouvoir d’achat des investisseurs (créanciers – porteurs) contre l’inflation. De nos jours, les obligations offrent la possibilité de diversification aux investisseurs tout en les immunisant partiellement contre une baisse du marché des actions, par exemple.
Modalités d’investissement et notation des obligations
Il existe deux manières pour les investisseurs d’acquérir les obligations :
- Sur le marché primaire lors de leur première émission tout comme les actions, mais cet accès est généralement réservé aux investisseurs institutionnels même s’il est accessible aux particuliers dans le cadre des OAT (obligations assimilables du trésor) ;
- Sur le marché secondaire contre le paiement de frais de transaction – les investisseurs peuvent directement acheter leurs obligations à travers des OPCVM (FCP/SICAV) spécialisés sur cette classe d’actifs ou en direct.
Notation des obligations
Il existe une certaine régulation concernant les obligations ou plutôt une notation des obligations. Celle-ci est effectuée par différentes agences, dont les plus importantes sont S&P (Standard & Poor’s), Moody’ et Fitch. Celles-ci déterminent ce que l’on appelle « prime de risque » de l’émetteur en attribuant des notes aux obligations émises sur le marché, qu’il s’agisse d’obligations d’État et de ses satellites ou d’obligations d’entreprises. Les investisseurs peuvent ainsi constater du niveau de risque auxquels ils encourent. En gros, moins la notation (rating) est élevée pour un émetteur, plus le taux d’intérêt est élevé. Cela est logique dans la mesure où les investisseurs prennent plus de risque en prêtant de l’argent.
Les obligations notées AAA et BBB- sont considérées comme des obligations de bonne qualité appelées « Investment Grade » (IG). Les émetteurs de cette catégorie sont alors jugés solides financièrement, en matière de solvabilité, ce qui implique alors une faible probabilité de défaut de remboursement. Viennent ensuite les obligations notées BB+ à C qui sont beaucoup plus risquées et plus spéculatives, mais qui sont mieux rémunérées. Ce sont les « High Yield » ou « Junk Bonds ».
Quels sont les différents types et formes d’obligations ?
Il existe plusieurs types et formes d’obligations répondant aux besoins des investisseurs, surtout par rapport à leur horizon d’investissement. En règle générale, on parle d’obligations à court terme pour une émission de moins de 1 an, d’obligations à moyen terme pour une émission entre 1 an et 10 ans et d’obligations à long terme pour des obligations dont l’échéance est supérieure à 10 ans.
On distingue d’un côté 2 grands types d’obligations qui sont les obligations d’État et les obligations d’entreprise ou « corporate bonds » et d’un autre côté, il y a 4 formes d’obligations qui sont les obligations à taux fixe, les obligations à taux variable/révisable, les obligations à coupon zéro et les obligations indexées.
Les types d’obligations
Obligations d’État | Obligations d’entreprises |
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– Les États sont les principaux émetteurs d’obligations. Ils procèdent de cette manière afin de couvrir leurs besoins de financement à moyen et à long terme : OAT (France), Gilts (Royaume-Uni), Bunds (Allemagne), Treasury Bonds (USA)… |
– Les obligations d’entreprises également appelées obligations corporate bonds permettent aux sociétés de se financier sur les marchés, à court, moyen ou long terme. Pour elles, il s’agit d’une alternative au financement par actions. |
Les formes d’obligations
Obligations à taux fixe | Obligations indexées | Obligations à coupon zéro |
Obligations à taux variable/révisable |
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Obligations servant un coupon dont le montant ne change pas tout au long de la durée de vie des obligations – rémunération constante. |
Obligations destinées aux investisseurs préoccupés par l’inflation – taux d’intérêt fixe avec nominal fluctuant suivant un indicateur, généralement le taux d’inflation d’un pays. |
Obligations principalement émises pour les investisseurs fortement fiscalisés qui ne souhaitant pas augmenter leurs revenus – intérêts uniquement versés à l’échéance de l’emprunt après une période de capitalisation. |
Obligations répondant aux besoins des investisseurs admettant une marge d’incertitude plus élevée dans la mesure où le coupon évolue suivant un indicateur de taux déterminé lors de l’émission des obligations. |
Quels moyens pour investir en obligations ?
Après avoir pris note des types et formes d’obligations disponibles, les investisseurs peuvent maintenant déterminer le meilleur moyen pour eux d’investir sur le marché obligataire. Il existe principalement 4 voies pour faire fructifier son capital avec des obligations :
Le fonds euro en assurance-vie
En France, les investisseurs placent généralement leur capital en obligations par l’intermédiaire du fonds euro en assurance-vie. Le fait est que ceux-ci sont très accessibles avec un capital sécurisé – brut ou net de frais de gestion puisqu’ils sont composés d’obligations d’État et d’entreprises jugées sures.
Les fonds obligataires
Pour les fonds obligataires, ceux-ci sont disponibles en assurance-vie dans les unités de compte et en CTO (compte-titres ordinaire). Ceux-ci n’ont pas tous le même couple rendement/risque. Par exemple, les investisseurs peuvent se tourner vers les fonds « High Yield » – dette d’entreprises et d’État jugée moins sure avec un risque de perte, mais une rentabilité plus importante avec une espérance supérieure à 3 % par an.
Le crowdfunding (financement participatif)
Aujourd’hui, les investisseurs peuvent se tourner vers le crowdfunding ou financement participatif pour placer leur argent en obligations – prêts contre intérêts à différentes entreprises avec un rendement élevé entre 5 % et 10 % par an en fonction les projets des entreprises avec des risques plus ou moins élevés de défaut de paiement.
L’investissement obligataire en direct
Les investisseurs ont aussi la possibilité de placer directement leur capital sur une obligation bien précise. C’est comme faire du « stock picking » (sélection manuelle d’actions), mais avec des obligations. Pour cela, ils doivent passer un ordre sur leur CTO. Toutefois, cela peut être compliqué et plus technique que les fonds d’investissement avec un ticket d’entrée relativement plus élevé : plus de 10 000 € par obligation.
Résumé
Si les actions sont les instruments financiers les plus connus, il existe d’autres produits représentant une part beaucoup plus importante de l’économie mondiale qui sont les « obligations ». Il s’agit d’une valeur mobilière représentant une part de dettes à court, moyen ou long terme d’une société ou d’un État et ses satellites (collectivités locales par exemple). Celles-ci permettent aux investisseurs de bénéficier de coupons généralement à taux fixe, dont le montant du remboursement et les intérêts sont connus à l’émission des titres. Les obligations peuvent prendre plusieurs formes afin de répondre aux besoins des investisseurs : obligations à taux fixe, obligations à taux variable/révisable, obligations à coupon zéro et obligations indexées. En 2019, les obligations pesaient 115 000 milliards de dollars, soit deux fois plus que le marché des actions cotées et ses 50 000 milliards.