Nombreuses sont les personnes à se demander comment investir en bourse. Il n’y a pas qu’une seule réponse à cette question. Il existe en effet plusieurs méthodes, dont le « stock-picking », qui est une stratégie d’investissement consistant à sélectionner directement les titres à mettre dans son portefeuille boursier, qu’il s’agisse d’un portefeuille PEA (plan d’épargne en actions) ou d’un portefeuille CTO (compte-titres ordinaire). Cela paraît évident comme ça, mais en fait il est nécessaire de passer par différentes étapes pour avoir les bons titres. L’important dans le stock-picking, c’est de réaliser une analyse méthodique et approfondie sur les entreprises. Le but étant de battre le marché : faire mieux que la gestion pilotée ou encore les simples trackers répliquant des indices accessibles aux personnes lambda. Cette approche est plutôt réservée aux véritables passionnés et a le mérite de générer plus de profits, mais avec des risques beaucoup plus importants. Zoom sur tout ce qu’il faut connaître sur le stock picking : critère de sélection, valeur intrinsèque, approches…
Qu’est-ce que le stock picking ?
Le stock picking désigne une méthode d’investissement consistant à sélectionner des titres au sein d’un marché donné suivant des critères précis. Celui-ci repose principalement sur l’analyse fondamentale, une analyse méthodique des bilans comptables des entreprises, d’un côté, et de l’autre ses perspectives d’avenir, mais également son potentiel de croissance. On considère le stock picking comme une approche essentiellement « bottom-up » (du bas vers le haut), c’est-à-dire qui se base sur le plus petit élément jusqu’au plus grand, par opposition à l’approche « top-down » qui commence son analyse par la macro-économie.
Critères à prendre en compte et valeur intrinsèque
Lorsqu’on procède pour la première fois au stock-picking, il est nécessaire de déterminer une batterie de critères d’investissement avant de faire un premier tri d’entreprises satisfaisant tous les critères. Pour réaliser ce travail de tri, les investisseurs peuvent se tourner vers des « stock screeners » disponibles de part et d’autre de la toile, comme le célèbre Google Stock Screener.
Parmi les filtres les plus utilisés, il y a par exemple :
- le PEG (price/earnings to growth) permettant d’établir une relation entre le prix d’une action, le bénéfice par action et le rythme de croissance attendu des bénéfices d’une entreprise cotée. Celui-ci doit être inférieur à 1.
- le PER (price earning ratio), également appelé multiple de capitalisation des bénéfices, qui est le ratio servant à évaluer le prix d’un titre par rapport au bénéfice lui étant attaché. Celui-ci doit être inférieur à 12.
- le ratio d’endettement financier ou gearing qui est le coefficient mesurant le rapport entre la dette financière et les capitaux propres de l’entreprise. Celui-ci doit être inférieur à 50 %.
Évaluation de la valeur intrinsèque des actions
Une fois les critères d’investissement définis, les investisseurs doivent maintenant s’adonner à l’évaluation de la valeur intrinsèque des actions des entreprises sélectionnées suivant les critères. La valeur intrinsèque représente tout simplement la valeur réelle d’un actif. Puisqu’il s’agit de stock-picking, la valeur intrinsèque portera sur l’option achat (call) et celle-ci correspond au sous-jacent (prix d’exercice). Il y a alors 3 issues possibles :
- prix d’exercice < prix du sous-jacent : option dite « dans la monnaie » (in the money). L’investisseur peut acquérir le sous-jacent moins cher.
- prix d’exercice = prix du sous-jacent : option dite « à la monnaie » (at the money). L’investisseur peut s’il le souhaite acheter.
- prix d’exercice > prix du sous-jacent : option dite « hors de la monnaie » (out of money). L’investisseur n’a pas intérêt à acheter.
Grosso modo, cela donne :
- dans le cas où le cours de l’action avoisine la valeur intrinsèque, le titre est coté à son juste prix.
- dans le cas où le cours de l’action est inférieur à la valeur intrinsèque, le titre est sous-évalué.
- dans le cas où le cours de l’action est supérieur à la valeur intrinsèque, le titre est surévalué.
Dans la mesure où les prévisions ne sont pas une science exacte, il ne faut pas se fier à 100 % dessus et réserver une marge d’erreur à ses calculs en utilisant des hypothèses prudentes.
Où présélectionner les entreprises ?
Il existe à ce jour des milliers d’entreprises cotées en Bourse de part et d’autre de la planète. Il n’est pas évident de trouver les bonnes actions à acheter. Il y a plusieurs méthodes pour se constituer une préselection d’entreprises pour le stock-picking :
- Consulter les achats des plus grands investisseurs et analyser pourquoi ils achètent. Il ne faut pas tomber dans la facilité et suivre aveuglément sans connaître le fond des choses.
- Examiner les titres suscitant l’intérêt des investisseurs sur des forums spécialisés ou dans l’actualité.
- Utiliser un screener comme Google Stock Screener ou Yahoo Finance en déterminant des critères de filtre pertinents pour faire une première sélection d’entreprises.
Quelles sont les approches au sein du stock picking ?
Au sein du stock picking, les investisseurs peuvent se baser sur trois types d’approches qui sont la « gestion value », la « gestion growth » et le « stock picking sectoriel ».
La gestion « value »
La gestion value se base principalement sur le taux de rendement des entreprises par rapport à la somme de leurs actifs ou de leurs investissements. Le coût de l’action est mis en relief suivant les bénéfices de l’entreprise : utilisation du PER, ratio entre le prix de l’action et bénéfices de l’entreprise.
La gestion « growth »
La gestion growth se base sur les entreprises à fort potentiel de développement. Ce sont en général des sociétés jeunes et sous cotées n’étant pas encore bien installées au sein de leur secteur d’activité. Les investisseurs perçoivent en elles un potentiel négligé par les autres, de manière que le prix de l’action ne reflète pas toute la valeur intrinsèque de l’entreprise. Par ailleurs, l’attente de la valorisation de ces sociétés introduit la notion de GARP (growth at reasonable price) – l’identification du moment idéal pour revendre ses titres avant un retournement de tendance.
Le « stock picking sectoriel »
Le stock picking sectoriel comme son nom le suggère porte sur la sélection d’actions sur un seul secteur d’activité pour avoir un avantage concurrentiel sur les autres investisseurs en plaçant uniquement dans les sociétés dont l’investisseur comprend la nature d’activités. Toutefois, l’approche du stock picking sectoriel comporte davantage de risques et demande une véritable expertise et personne ne peut prétendre être un expert dans les secteurs d’activités.
Mettre en place une stratégie de stock picking
En matière de stock picking, on peut avoir deux stratégies complémentaires : stratégie théorique et stratégie pratique :
Stratégie de stock picking théorique | Stratégie de stock picking pratique |
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L’investisseur souhaitant procéder au stock picking devra prendre en compte de nombreuses dimensions d’analyse et faire preuve de connaissances assez poussées dans différents domaines : – Données financières internes :
– Informations macro-économiques :
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Pour la stratégie pratique, différents critères seront à respecter pour minimiser la prise de risque des investisseurs :
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Étude de la concurrence
Dans le choix des entreprises sur lesquelles investir, on peut procéder à une étude de la concurrence. La dure réalité des choses : les géants du marché avec une capitalisation supérieure à 100 millions d’euros sont les entreprises les plus prisées et certaines jeunes entreprises prometteuses sont parfois délaissées.
Il est primordial de se méfier des communiqués de presse diffusés par les PDG des géants du marché. En effet, leurs annonces peuvent être plus optimistes que la réalité ce qui peut fausser les analyses des investisseurs procédant au stock picking. Afin d’avoir un aperçu fidèle de la santé économique d’une entreprise, il est préférable consulter son historique :
- augmentation du nombre d’actions sur le marché = signe positif si cela découle d’une augmentation de capital et non d’une dilution ;
- dividendes élevés traduisant la bonne santé de la société qu’une politique à court terme qui trahit alors l’instabilité de l’entreprise.
Diversification du portefeuille actions
Les investisseurs qui placent leur argent sur quelques titres seulement sont ceux les plus enclins au risque de perte de capital. L’adage en bourse veut que l’on diversifie son portefeuille avec de nombreuses classes d’actifs et même au sein d’un même actif, il faudra encore diversifier.
On pourra par exemple diversifier notre portefeuille actions en optant pour des actifs d’au moins 20 entreprises et que chacune d’entre elles pèse 5 % au plus du portefeuille. On diversifiera le secteur d’activités (automobile, luxe, immobilier, technologie…) ainsi que la zone géographique. Il ne faut pas tomber dans le biais domestique consistant à investir en actions à 100 % en France. Malheureusement, l’Hexagone est considéré comme un petit marché pesant moins de 7 % du tracker World. En principe, il faudrait qu’une majorité d’actions soient américaines et une minorité seulement européenne. Et il est également intéressant de diversifier en devise (euro, dollar, yen, franc suisse…).
Résumé
Le stock picking fait partie des méthodes d’investissement en actions. Il consiste à sélectionner directement les titres à mettre dans son portefeuille CTO ou PEA. Contrairement aux idées reçues, il n’est pas simple de procéder à une sélection pertinente d’entreprises. En effet, on ne pioche pas au hasard les entreprises. Il est vrai que l’on peut suivre l’exemple de grands investisseurs, mais il faudra également avoir les ressources nécessaires. Pour faire du stock picking, l’analyse fondamentale doit être à la base de la méthode : bilan comptable, comptes de résultat, rendement, perspectives de croissance… Le but du stock picking est de battre le marché. C’est une approche pouvant être gagnante pour les investisseurs passionnés et qui vont au fond des choses en recherchant le maximum d’informations sur les entreprises (analyse approfondie et méthodique) et en ayant bien évidemment le goût du risque puisqu’il s’agit d’une méthode risquée par rapport à une gestion passive de son portefeuille boursier.